Guide de l’étalonnage des couleurs pour débutants

Dom Salmon Vidéographie17 sept. 202510 min read
Nikon magazine

Pour créer des vidéos de qualité, l’étalonnage des couleurs est le petit plus qui fait toute la différence. Dom Salmon explique simplement en quoi consiste l’étalonnage des couleurs, comment s’y initier et pourquoi le nouveau Nikon Z50II vous offre un avantage décisif dans ce domaine

Dans le monde de l’image animée, l’étalonnage des couleurs est la petite touche de magie qui insuffle à vos vidéos une atmosphère, de l’intensité et de l’émotion. Mais de quoi s’agit-il concrètement ? Pour un débutant, l’étalonnage des couleurs peut presque s’apparenter à une discipline ésotérique, mais avec une bonne maîtrise des bases, vous découvrirez rapidement comment donner une nouvelle dimension à vos vidéos et capter véritablement l’attention de votre public.

Qu’est-ce que l’étalonnage des couleurs et pourquoi est-ce important ?

La première fois que j’ai compris l’importance de l’étalonnage des couleurs au cinéma, c’est en découvrant les rushes (ces séquences brutes, non étalonnées, issues d’une journée de tournage, parfois appelées dailies ou épreuves de tournage) du film Le Parrain. Pour être honnête, ces images n’étaient pas très convaincantes… Elles paraissaient délavées et ternes, sans éclat.

Rien à voir avec le rendu final à l’écran, qui est évidemment superbe. Alors, que s’est-il passé entre le négatif développé et la version projetée en salle ? La réponse est bien sûr l’étalonnage des couleurs : un travail de postproduction qui permet de maîtriser les contrastes, de jouer sur l’exposition sur l’ensemble de l’image et d’apporter une touche finale visuelle qui sublime le rendu du produit final.

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Dom Salmon

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Que contient mon sac photo ?

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Le Parrain | Scène d’ouverture

L’atmosphère sombre et tourmentée de ce chef-d’œuvre emblématique est largement influencée par l’éclairage tamisé et les tons ocre choisis par le directeur de la photographie, Gordon Willis.

Utilisation 1 : Mission de sauvetage

Tourner une vidéo en dehors d’un environnement de studio contrôlé (qu’il s’agisse d’un plateau de cinéma ou de la chambre d’un jeune YouTuber) ressemble davantage à un art qu’à une science exacte. Rares sont les vidéastes, du novice au professionnel aguerri, qui disposent d’un contrôle total sur un lieu de tournage.

Cela peut se traduire par des images sous-exposées, avec un rendu parfois agressif dans les contrastes, ou encore teintées de couleurs inhabituelles. Mais l’étalonnage permet d’ajuster l’exposition, le contraste ou la balance des blancs… et voilà : la séquence que vous alliez supprimer se révèle pleinement exploitable, voire même plutôt aboutie.

C’est un exemple qui illustre l’étalonnage dans sa fonction la plus simple et la plus pratique. En outre, plus vous vous exercez à corriger des séquences et à repérer les problèmes, plus vous saurez éviter ces erreurs à l’avenir, et vos montages s’en trouveront grandement simplifiés.

Techniques courantes pour ce type d’étalonnage :

  • Modifier l’exposition et le contraste pour faire ressortir certains détails jusque-là non apparents
  • Corriger la balance des blancs pour un rendu plus naturel
  • Atténuer le bruit dans les parties les plus sombres de l’image

La charte de couleurs vidéo (visible dans la vidéo ci-dessus) est un outil idéal pour établir le point de référence colorimétrique de vos séquences. Filmez quelques secondes avec votre configuration d’éclairage, puis observez ce qui ne va pas dans votre image. Si, par exemple, un carré blanc vire au bleu pâle, c’est que la température choisie pour votre balance des blancs est trop élevée.

Utilisation 2 : Des résultats époustouflants

Nous obtenons aussi parfois des images bien exposées, mais un peu ternes : elles manquent de dynamisme et le premier plan ne se distingue pas vraiment de l’arrière-plan. L’ensemble manque un peu de relief. Que pouvons-nous améliorer ?

En jouant sur des éléments tels que le contraste, la saturation et l’exposition, nous pouvons créer une meilleure séparation entre le sujet et l’arrière-plan, et ainsi donner à l’image un peu plus de profondeur et de présence.

Conseil pour la captation : ne cherchez pas toujours à tout corriger en postproduction. Par exemple, utiliser une faible profondeur de champ permet de séparer plus facilement et de façon plus naturelle votre sujet de l’arrière-plan. N’oubliez pas : il est bien plus efficace de sublimer une qualité déjà présente dans vos séquences que de chercher à la fabriquer artificiellement en postproduction.

Techniques courantes pour ce type d’étalonnage :

  • Augmenter la saturation pour rendre les couleurs plus riches
  • Augmenter le contraste entre le premier plan et l’arrière-plan pour mieux distinguer votre sujet
  • Appliquer un étalonnage sélectif des couleurs pour sublimer certains éléments de l’image, comme l’éclat d’un ciel bleu ou la richesse d’un feuillage vert
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Avant et après l’étalonnage

Utilisation 3 : L’outil du conteur

L’étalonnage est un outil clé de narration pour les cinéastes. Quelle que soit l’ampleur de votre projet, vous pouvez toujours intégrer à vos vidéos des idées issues des superproductions à gros budget. Prenons deux exemples très différents tirés de films récents pour illustrer cette idée.

Le premier est le film événement de body horror mêlant plusieurs genres, The Substance. En collaboration avec la réalisatrice Coralie Fargeat, le directeur de la photographie Benjamin Kračun a créé pour ce film une palette de couleurs volontairement exagérée et un rendu ‘hyperréaliste’. Les couleurs sont franches et saturées, avec un contraste saisissant dû à un éclairage particulièrement agressif. Tout cela donne une impression générale criarde, presque oppressante. Ce choix, associé à l’utilisation de très grands-angles et de gros plans, crée une sensation de désorientation chez le spectateur et renforce l’idée que la réalité perçue est en fait « artificielle ». Il s’agit d’un choix esthétique radical et délibéré, conçu pour provoquer une réaction chez le spectateur.

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The Substance | Pump it Up with Sue

Couleurs criardes, contrastes violents, angles déstabilisants… The Substance submerge le spectateur dans un trop-plein sensoriel.

À l’autre extrémité du spectre se trouve la récente relecture de The Batman, le superhéros de l’univers DC Comics. Contrairement à The Substance, le réalisateur Matt Reeves et le directeur de la photographie Greig Fraser ont puisé dans une palette très sombre et mélancolique, composée de plans presque monochromatiques aux tons orangés et ocres prononcés. Associée à des images floues et indistinctes, cette approche offre une interprétation particulièrement évocatrice d’un Gotham sombre et oppressant.

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The Batman | Confrontation à l’Iceberg Lounge

Avec son esthétique sombre et presque monochrome, The Batman immerge puissamment le spectateur dans l’univers de ce superhéros.

Vos séquences peuvent gagner en impact et en intensité en appliquant ces mêmes principes (par exemple, une palette très lumineuse et colorée pour une vidéo de danse, ou un rendu sobre et discret pour une interview sérieuse).

Techniques courantes pour ce type d’étalonnage :
  • Exagérer l’exposition, sombre ou claire, pour créer une ambiance
  • Concevoir une palette de couleurs et un style visuel qui traduisent l’essence du récit
  • Placer le spectateur au cœur d’une réalité visuelle pour une expérience plus captivante
Premiers pas en étalonnage

Si apprendre à étalonner vos vidéos vous semble décourageant, rassurez-vous :

Vous êtes sans cesse en train d’apprendre

Chaque fois que vous regardez un film ou une série, vous découvrez comment l’esthétique visuelle est mise au service des thèmes et de la narration pour les sublimer. C’est le moment idéal pour replonger dans un film ou une série qui vous a touché et découvrir de quelle manière son style visuel a amplifié votre ressenti.

Vous cherchez toujours à peaufiner vos séquences

À moins d’être un puriste du « sans-filtre », vous cherchez sans doute à améliorer et retoucher les séquences prises avec votre téléphone avant de les poster en ligne. Vous devriez donc être très enthousiaste à l’idée de pouvoir faire la même chose avec vos séquences issues d’un appareil photo hybride Nikon, mais avec encore plus de maîtrise et de possibilités.

Vous pouvez commencer dès maintenant

Lorsque vous lancez pour la première fois un logiciel de montage non linéaire (NLE) de bureau comme Final Cut Pro d’Apple, la tâche peut sembler intimidante, mais ne vous inquiétez pas. Si vous utilisez un logiciel de retouche d’images fixes tel que NX Studio de Nikon (et vous devriez, car il est gratuit !), vous retrouverez exactement les mêmes principes. Les commandes d’étalonnage dans les applications photo ressemblent beaucoup à celles utilisées pour la vidéo. Si vous avez déjà retouché des photos, vous maîtrisez déjà beaucoup plus de choses que vous ne le croyez.

Roues chromatiques

Nous commencerons par l’outil principal de l’étalonnage des couleurs : les roues chromatiques. Je préfère celles de Final Cut Pro, mais d’autres logiciels sont tout aussi performants.

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Ces outils simples recèlent un énorme potentiel créatif, alors prenez le temps de bien les maîtriser dès que possible. Ce n’est pas aussi compliqué que cela en a l’air !

Dans la partie gauche de l’écran, vous retrouvez les quatre roues en question. Elles sont identiques, elles permettent simplement de traiter différentes parties de l’image. GLOBAL, comme son nom l’indique, affecte l’image dans son ensemble (par exemple en augmentant l’exposition globale), alors que Tons foncés, Tons intermédiaires et Tons clairs n’impactent que cette plage tonale spécifique (par exemple, assombrir les zones foncées ou renforcer les hautes lumières).

Chaque roue est composée de trois « parties » :

  • À gauche, un curseur permet d’augmenter la saturation de cette partie de l’image (rendant les couleurs plus vives).
  • Au centre, un point dans un cercle coloré définit la teinte dominante dans cette zone de l’image. Par exemple, déplacer ce point vers le rouge dans la roue GLOBAL ajoutera une teinte rouge à toute l’image. Inversement, si l’image globale tire un peu sur le violet, déplacer ce point vers le vert (donc à l’opposé du violet) corrigera ce déséquilibre.
  • À droite enfin, un curseur sert à régler l’exposition/la luminosité de cette zone. Par exemple, les tons chair se situent souvent dans les Tons intermédiaires, donc une légère augmentation de la luminosité ici peut aider à faire ressortir les visages.

Remarque : les noms de ces roues peuvent varier selon votre application (par exemple, GLOBAL est parfois appelée MASTER), mais la fonction reste la même.

Le panneau de droite présente ces roues sous forme numérique, avec aussi des réglages de température de couleur, teinte et nuance. En bas de l’écran se trouve une commande Mélange qui vous permet de définir l’intensité de l’étalonnage sur l’image finale (0 n’ayant aucun effet, tandis que 100 représente l’effet maximal).

Astuce : j’ai tendance à exagérer les réglages sur les roues chromatiques, puis à utiliser Mélange pour trouver le juste milieu. J’utilise également la case à cocher « X » pour activer ou désactiver l’effet au fur et à mesure, afin de comparer facilement mon rendu avec l’image d’origine. Comme les amplificateurs dans Spinal Tap, il est très facile de pousser tous les réglages à fond, ce qui crée un effet trop marqué lorsque l’on prend un peu de recul. Cela peut sembler artificiel et peu naturel, un piège dans lequel il est facile de tomber.

Si vous parvenez à comprendre le fonctionnement de ces roues, vous aurez déjà acquis une grande partie des connaissances nécessaires pour l’étalonnage des couleurs, et elles sont étonnamment faciles à prendre en main.

Par exemple :

  • Les séquences sont un peu sombres et délavées ? Augmentez légèrement les curseurs Saturation et Exposition de la roue Master (ou Global). Cela devrait améliorer la luminosité et la couleur de votre séquence.
  • Une impression de platitude et de manque « d’effet 3D » ? Diminuez l’exposition pour les Tons foncés, tout en augmentant l’exposition pour les Tons clairs. Vous observerez un changement immédiat du contraste et de la plage dynamique.
  • Vous voulez séparer davantage votre sujet de l’arrière-plan ? Réduisez l’exposition des Tons foncés (où se trouvent souvent les zones d’arrière-plan), puis faites glisser le repère de couleur vers la teinte bleu-vert située sur le bord de la roue (en bas à droite). Éclaircissez ensuite les Tons intermédiaires (où se trouve votre sujet) et déplacez le point de la roue vers la zone orange (en haut à gauche). Votre sujet devrait maintenant se détacher subtilement des détails de l’arrière-plan. À noter qu’il s’agit d’un rendu orange/bleu-vert classique, très en vogue actuellement à la télévision et au cinéma. Même si l’arrière-plan et le sujet présentent des valeurs d’exposition assez proches, cette méthode reste efficace. Dans les prochains guides, nous verrons comment utiliser le masquage pour être encore plus précis dans l’étalonnage des couleurs de vos images...
Lancez-vous dans l’étalonnage

Vous n’avez plus aucune excuse. Importez plusieurs séquences, ouvrez ce panneau, jouez avec vos curseurs et découvrez ce qui se passe à l’écran. Je suis convaincu qu’il faut avant tout se fier à ses yeux : regardez toujours comment chaque réglage modifie l’image et faites sans cesse des comparaisons avant/après pour apprécier le résultat et décider si chaque modification apporte une amélioration notable.

Les premières fois, vous allez sans doute tâtonner, mais à un moment donné, le déclic se produit et vous pourrez obtenir n’importe quel rendu sans même y penser. Si, à vos yeux, l’image semble correcte, c’est qu’elle l’est : faites confiance à votre ressenti.

Plus important encore, vous commencerez vite à établir votre propre style. Êtes-vous un créateur de contenu qui privilégie les couleurs vives et primaires, ou plutôt un réalisateur de documentaires adepte du grain d’image et de teintes réalistes ? Vous seul pouvez décider. N’oubliez pas que les principales applications permettent d’enregistrer sous forme de pré-réglage n’importe quel rendu que vous créez, ce qui vous permettra de constituer très rapidement une bibliothèque visuelle de vos styles personnels et vous évitera la répétition de certaines tâches et réglages lors de vos futurs montages. Et tout comme pour le montage photo, vous pouvez télécharger les pré-réglages d’autres personnes (appelés LUT) pour obtenir instantanément des rendus. Pour en savoir plus sur les LUT (y compris les LUT gratuites de Nikon/RED), consultez ce lien.

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Je vais vous laisser avec quelques exercices pour vous aider à viser l’excellence dans vos vidéos. Dans la deuxième partie de notre parcours d’étalonnage, nous verrons comment filmer en RAW et en Log pour un contrôle encore plus poussé, et comment utiliser les LUT comme point de départ pour développer davantage votre créativité.

  • Redonnez une chance à ces séquences que vous aviez mises de côté sur un disque dur parce qu’elles vous semblaient inutilisables, et découvrez si elles peuvent être sauvées. Essayez d’augmenter globalement l’exposition et les couleurs pour voir si cela peut améliorer le rendu. Si ce n’est pas le cas, que diriez-vous d’éclaircir les tons intermédiaires pour faire ressortir le sujet ?
  • Revenez sur des séquences qui vous semblaient réussies et essayez d’y apporter davantage de luminosité, de contraste et de saturation pour leur donner un coup de fouet supplémentaire (comme avec des piments très forts, utilisez ces réglages avec parcimonie).
  • Identifiez une situation ou filmez un extrait qui peut avoir un certain potentiel narratif (par exemple, une scène de rue, un paysage ou un événement) et voyez comment lui donner un style visuel marqué pour captiver vos spectateurs. Qu’il s’agisse d’un look épuré, presque monochrome, ou d’une ambiance particulièrement vibrante et énergisante, il n’y a vraiment aucune limite à ce que vous pouvez faire.

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