Jusqu’où pouvez-vous aller dans l’obscurité ? Les défis photo de ce mois-ci

Dom Salmon Photo Finish19 avr. 202411 min read
Dom Salmon assets for Nikon magazine, Photo Finish: Low Light

Dans la série Photo Finish, notre prochain défi porte sur la prise de vue en basse lumière. Où cela vous mènera-t-il ?

Appareil photo XYZ et faible lumière : tout ce qu’il faut savoir !

Performances en conditions de faible luminosité ? Ce que les constructeurs d’appareils photo ne vous disent pas !

Si, comme moi, vous regardez beaucoup de vidéos sur la photographie, votre fil YouTube déborde sans doute de titres racoleurs comme celui ci-dessus concernant les appareils photo. Pour les objectifs, c’est plutôt : « Le focus breathing de ce zoom va TOUT changer, catastrophe assurée ! »

Mais au fond, une condition de faible luminosité, c’est quoi exactement ? Et pourquoi en parle-t-on autant ?

Dans la course aux performances que se livrent les constructeurs d’appareils photo, et surtout leurs capteurs d’image, l’un des terrains de bataille favoris des passionnés est la capacité à gérer les situations de basse lumière. Autrefois, à l’ère de l’argentique, obtenir une image exploitable dans ces conditions relevait presque de l’impossible.

À l’époque, la plage dynamique, c’est-à-dire la capacité à capter des détails dans les zones sombres comme dans les zones claires, était très limitée avec la pellicule, surtout si on la compare aux possibilités offertes aujourd’hui par le numérique. Il suffisait alors qu’une scène manque un peu de lumière pour que vous vous retrouviez avec une image toute noire…

Heureusement, les choses ont bien changé : on peut désormais obtenir une haute qualité d’image avec beaucoup moins de lumière qu’avant. Mais ce que les innombrables titres YouTube bien trop accrocheurs oublient souvent, c’est que la « basse lumière », en réalité, recouvre deux situations bien différentes. D’une part, la basse lumière constitue un défi technique : celui de réussir à photographier une image dans une scène sombre. D’autre part, elle suppose un choix créatif assumé : celui de créer une ambiance, une atmosphère ou de véhiculer une émotion à travers l’image.

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Dom Salmon

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Que contient mon sac photo ?

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Basse lumière, technologie de pointe

Le petit point sur la technique. Des personnes bien plus expertes que moi pourraient vous expliquer en détail pourquoi, aujourd’hui, si vous pouvez voir une scène ou un sujet, vous pouvez en faire une photo. Mais pour faire simple : votre appareil photo numérique Nikon est bourré de technologies intelligentes, conçues pour vous permettre de réussir vos clichés même dans l’obscurité.

Le capteur

On l’a déjà dit, mais les capteurs des appareils photo font une grosse partie du travail quand il s’agit de bien exposer vos photos en faible lumière. Prenez le Z9, l’appareil photo phare de Nikon. Il dispose d’un capteur plein format avec une grande densité de pixels. Contrairement aux capteurs APS-C ou de recadrage, le capteur plein format est tout simplement plus grand, et plus de pixels captent plus de lumière. Logique, non ?

Moins évident en revanche, c’est l’usage de la technologie rétroéclairée (BSI). Cela signifie que le câblage et l’architecture du capteur sont déplacés à l’arrière, ce qui laisse toute la surface avant disponible pour capter plus de lumière. Vous suivez toujours ? (Je pense avoir bien compris cette partie aussi !)

Et puis, il y a les calculs extrêmement complexes réalisés par le nouveau processeur EXPEED 7 du Z9. Je ne prétendrai pas tout comprendre de ces technologies. Ce que je sais, c’est que c’est complexe, presque magique, alors autant s’en contenter ! Ce qu’il faut retenir : même à des valeurs de sensibilité élevées (c’est-à-dire avec une sensibilité accrue à la lumière), l’image reste extrêmement détaillée et pratiquement sans bruit.

Le boîtier de l’appareil photo

La stabilisation d’image intégrée au boîtier (IBIS) est devenue depuis longtemps une fonctionnalité indispensable pour tout appareil photo professionnel et elle est désormais intégrée à de nombreux appareils photo grand public. Pourquoi ? Parce qu’elle permet de corriger un des principaux défis de la prise de vue en basse lumière. Pour laisser entrer plus de lumière, une des solutions est de ralentir la vitesse d’obturation. Plus l’obturateur reste ouvert longtemps, plus il capte de lumière. Le problème, c’est que plus on réduit la vitesse d’obturation, plus le moindre bougé d’appareil devient visible. Résultat : une photo moins nette, voire floue.

La stabilisation IBIS agit en déplaçant physiquement le capteur pour corriger ces micro-mouvements. Je peux aujourd’hui photographier à des vitesses d’obturation six ou sept fois plus lentes qu’il y a quelques années et obtenir des images parfaitement nettes. Ce qui me permet de laisser entrer beaucoup plus de lumière qu’il y a 30 ans… même si mes mains tremblent un peu plus avec l’âge !

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L’objectif de votre appareil photo

Pour commencer, tout comme l’IBIS stabilise le capteur pendant la capture de lumière, votre objectif de la gamme Z embarque une stabilisation optique de l’image (OIS) qui agit en amont, en stabilisant l’image directement dans les lentilles. Le plus intéressant ? Le boîtier et l’objectif communiquent entre eux, ce qui amplifie l’effet total de stabilisation. Résultat : vous pouvez réduire encore plus la vitesse d’obturation !

Astucieux, n’est-ce pas ? Mais ce qu’il y a de plus ingénieux avec les objectifs de la gamme Z ?

C’est… leur diaphragme plus large.

J’ai pris des millions de photos avec les objectifs à monture F d’origine de Nikon. J’en ai d’ailleurs encore quelques-uns, que je garde pour leur netteté exceptionnelle et leur magnifique bokeh. Un million d’autres photographes ont fait la même chose : certaines des photos les plus emblématiques jamais prises l’ont été avec un objectif NIKKOR à monture F.

Alors, en 2018, quand Nikon a dévoilé sa nouvelle monture Z hybride, avec les premiers appareils photo hybrides, le Z6 et le Z7, c’était un véritable tournant dans l’histoire de la photographie. Un peu comme lorsque Bob Dylan est passé à la guitare électrique (vraiment, ça a cassé Internet, mais bon… les photographes, on devrait sortir un peu plus).

Qu’est-ce que cela a changé concrètement ? D’abord, sur le plan optique : comme je l’ai dit, le diaphragme est plus grand, ce qui veut dire plus de lumière. Avec ce changement, la distance entre l’objectif et le capteur (auparavant, c’était de la pellicule avec la monture F) a été réduite.

Donc, si vous trouviez déjà les objectifs NIKKOR excellents (et moi, je les trouve toujours excellents) attendez de voir ce que leurs ingénieurs optiques ont réussi à faire avec la monture Z. Des ouvertures plus larges, des boîtiers plus compacts, moins d’aberrations et de distorsions : la gamme Z offre des performances accrues dans des formats plus réduits.

À cela s’ajoute une monture plus large, accueillant davantage de contacts électroniques pour communiquer avec l’appareil photo. Il en résulte un appareil intelligent qui dialogue avec un objectif tout aussi malin, capable d’assurer un autofocus ultra-rapide même en conditions de faible luminosité, là où je peinais à faire le point manuellement quelle que soit la vitesse (et il faut dire que ma vue n’est plus ce qu’elle était…).

Votre fichier image

Si vous avez lu mes autres articles, vous m’avez sûrement déjà entendu vanter les mérites du RAW (et je n’ai pas l’intention d’arrêter, vous m’entendez ?).

Pourquoi ? La capacité du RAW à récupérer les détails dans les ombres est tout simplement impressionnante. Cette partie de la plage dynamique est exceptionnelle : le Z9 capture jusqu’à 12 IL de détails lumineux dans une seule image ! Même à partir d’une image sombre, on peut récupérer une grande quantité de détails.

C’est à ce moment-là que la technologie qu’embarquent les appareils photo se rapproche de l’art photographique. À l’époque où je réfléchissais à passer complètement au numérique, j’ai testé plusieurs systèmes et c’est le RAW NEF de Nikon qui avait quelque chose de plus, presque de poétique. Ce n’était pas seulement le fait de pouvoir conserver mes anciens objectifs (merci l’adaptateur pour monture FTZ II qui permet de continuer à utiliser les anciens objectifs à monture F), mais bien la qualité des images test que j’ai réalisées (avec ce petit quelque chose en plus dans les images que j’ai prises), surtout en basse lumière, qui m’a convaincu de rester chez Nikon. Le format NEF ne se contentait pas de produire une image « correcte » dans des conditions difficiles, il permettait de produire une très belle image là où c’était presque impossible.

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Hello darkness, my old friend

Bref, avec toutes ces technologies intelligentes, vous pouvez souffler : il est tout à fait possible d’obtenir une image exploitable en conditions complexes de faible luminosité. Mais ce qui m’agace un peu dans les plaintes interminables de nos amis de YouTube, c’est que la faible luminosité est trop souvent présentée comme un obstacle à surmonter, plutôt que comme une richesse à exploiter.

Utiliser la pénombre de manière créative peut devenir un atout extrêmement puissant pour donner à vos photographies une identité unique. Aujourd’hui, la plupart des images que l’on croise au quotidien viennent de smartphones qui font tout pour uniformiser l’éclairage de la scène. Dans mon article précédent sur la photographie en noir et blanc, j’ai parlé de photographes comme Bill Brandt, qui recherchait justement des ambiances sombres pour créer du mystère et de l’émotion. La pionnière Julia Margaret Cameron, elle, devait relever d’immenses défis techniques au milieu du XIXe siècle rien que pour parvenir à fixer une image sur ses plaques photographiques. Et pourtant, plus d’un siècle plus tard, la force obscure et tourmentée de ses clichés continue d’impressionner.

Fait intéressant : alors que la photographie numérique a, sur le plan stylistique, largement basculé vers le clair et l’épuré (oui, j’admets que c’est une généralisation, mais les réseaux sociaux accentuent fortement cette tendance), nos collègues du cinéma et de la télévision, eux, ont pleinement adopté le « côté sombre » dans leurs compositions. Comme en photographie, les nouvelles technologies ont entraîné des progrès incroyables des caméras en très faible éclairage, tandis que les éclairages DEL plus compacts facilitent la mise en œuvre de compositions aux ambiances incroyables, ajoutant un impact narratif majeur.

Les cinématographes, de l’illustre Gregg Toland aux maîtres actuels comme Roger Deakins ou Rachel Morrison, jouent souvent avec des sources lumineuses dites « pratiques » (visibles à l’image). Ce faible éclairage assombrit une grande partie du cadre, le rendant presque entièrement noir, ce qui crée en son sein un espace négatif très marquant.

À votre tour

Voici quelques défis en basse lumière qui devraient illuminer votre journée !

Premier défi : osez repousser les limites

Vous venez de passer au Nikon Z ? C’est le moment idéal pour explorer les possibilités du format NEF (négatif numérique). On peut vraiment aller très loin avec ce format !

Regardez cette image d’un artiste graffeur prise à Florence. Elle semble baignée de lumière ?

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Pas vraiment. Regardez l’image sans retouche dans cette capture d’écran comparative. J’ai volontairement très fortement sous-exposé pour montrer à quel point il est possible de récupérer du détail, même dans une image très sombre. En poussant vraiment le traitement, vous pouvez obtenir un rendu puissant et spectaculaire. J’espère que cela vous donnera la confiance nécessaire pour considérer la faible luminosité comme un levier créatif, plutôt que comme un obstacle.

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Débutant : n’ayez pas peur du noir !

Sortez dans la rue et essayez d’exploiter au maximum chaque source lumineuse autour de vous. Par exemple, ce cliché d’un café romain : la scène était assez sombre, mais l’éclairage du comptoir, les petites lampes en intérieur… chaque source, aussi faible soit-elle, contribue à créer une ambiance riche, avec une lumière plus subtile et bien plus intéressante qu’un intérieur uniformément éclairé en plein jour.

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Passionné : que la lumière soit

Il y a presque toujours une forme de source de lumière autour de vous. Et parfois, plutôt que de juste s’en servir pour éclairer le sujet, autant en faire un vrai élément de votre composition. Regardez ce portrait de Courtney. Le bar était quasiment plongé dans le noir (comme la plupart des bars), mais il y avait ces ampoules suspendues très basses, alors pourquoi ne pas les utiliser dans la photo ?

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Votre défi ? Maîtriser et assumer la source de lumière. Intégrer une source de lumière visible et flagrante dans votre composition, en tant qu’élément narratif fort. Pas besoin qu’elle soit aussi marquée que dans mon exemple : un néon, un écran d’ordinateur portable, même la lampe torche de votre téléphone peuvent non seulement éclairer votre scène, mais aussi en devenir la vedette.

Avancé : inutile de lutter contre le grain

Comme évoqué précédemment, les fichiers RAW offrent une grande souplesse de traitement, en particulier lorsqu’ils sont créés à faible sensibilité. En règle générale, les photographes cherchent à limiter le bruit pour préserver la netteté et les détails. Il peut être amusant, à l’inverse, d’essayer de recréer l’ambiance des anciennes pellicules haute sensibilité, avec leurs grains semblables à du gravier. Prenez les deux exemples suivants : un canal à Milan et des chauffeurs de taxi au Bangladesh. J’ai tout misé sur une sensibilité très élevée, au-dessus de 2000 ISO dans les deux cas, sans chercher à lisser quoi que ce soit lors du traitement de l’image. Ces images sont quasiment sorties telles quelles de l’appareil, le grain donne un rendu brut, presque documentaire.

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Dom Salmon assets for Nikon magazine, Photo Finish: Low Light

Je vous lance le défi : sortez prendre des photos et, au lieu de chercher à minimiser le bruit en baissant la sensibilité, essayez de faire l’inverse. En montant la sensibilité, c’est comme si vous activiez une vision nocturne dans votre viseur ! Vous ouvrez tout un monde de possibilités d’images de nuit, avec un rendu et une texture complètement différents.

Professionnel : un monde en mouvement

Dans la partie technique de cet article, nous avons vu comment les technologies de stabilisation IBIS et les algorithmes permettent d’utiliser des vitesses d’obturation plus rapides pour obtenir des images plus nettes. Mais que se passe-t-il si l’on fait l’inverse ?

Prenons l’exemple de ces skateurs au Ghana. Il faisait gris, la lumière du crépuscule était plate et terne, et les images l’étaient tout autant. L’idée d’utiliser un flash pour des portraits ne collait pas vraiment à l’ambiance « de rue » que je recherchais. Finalement, j’ai simplement laissé l’obturateur ouvert, pour peindre l’image avec le mouvement des skateurs et des lumières, en venant créer un rendu presque abstrait.

Pour vous exercer, tentez l’expérience des poses longues. Jouez avec les mouvements : phares de voitures, lampadaires qui défilent dans le cadre… ou même votre propre mouvement. C’est une méthode faite d’essais et (souvent) d’erreurs, mais surtout un terrain de jeu génial pour transformer la moindre source lumineuse en coup de pinceau visuel, pour produire une image forte et surprenante.

Deuxième défi : ce que l’on crée dans l’ombre

En tant qu’assistant, j’ai probablement mis en place des centaines de schémas d’éclairage classiques, lumière principale, lumière d’ambiance, contre-jour, pour le photographe avec qui je travaillais. Puis, une fois devenu photographe à mon tour, c’est moi qui ai demandé à mes assistants de les installer… des centaines de fois. Est-ce que ce type de configuration a donné naissance à mes portraits préférés ? Probablement pas. Personnellement, j’ai toujours eu un faible pour les portraits un peu « étrangement » éclairés, loin des images hyper nettes et uniformément éclairées des studios classiques.

Alors, comment tirer parti de l’expérience acquise lors des précédents défis en basse lumière pour photographier des personnes et construire une image à forte dimension narrative ?

Débutant : au naturel

Grâce aux défis précédents, nous savons désormais qu’il est tout à fait possible de photographier en conditions de faible luminosité, sans ajouter de source de lumière artificielle. Mais en portrait, sans un petit coup de pouce, une lumière secondaire, un réflecteur… le rendu peut vite manquer de relief. Avant de dégainer votre flash parapluie, posez-vous la question : que pouvez-vous faire avec la lumière déjà présente ? (Pour découvrir comment tirer parti de la lumière en intérieur, cliquez ici).

Jetez un œil au portrait ci-dessous. La pièce était plutôt sombre, mais je voulais garder cette ambiance un peu froide et non éclairée, sans que l’image manque de relief. Cette fois, j’ai donc délibérément évité d’utiliser un flash.

Il y avait une lumière fluorescente au plafond, sur la gauche de Lorenzo, qui l’éclairait légèrement en lumière latérale. De l’autre côté, à sa droite, se trouvait un grand espace très sombre qui absorbait la lumière sur le côté gauche du cadre. En le plaçant pile entre ces deux zones, j’ai obtenu ce relief subtil, ce modelé qui sculpte son visage et son corps sans en faire trop.

Je l’ai ensuite positionné à une certaine distance du mur gris neutre en arrière-plan, ce qui permettait de mieux le détacher visuellement avec son T-shirt noir. Mon appareil photo exploitait au maximum ses performances en basse lumière, et la stabilisation de l’objectif me permettait de photographier à une vitesse raisonnablement élevée, tout en ayant la certitude que l’autofocus garderait une parfaite netteté sur l’œil, même dans une scène assez sombre.

Résultat ? Un rendu tout en finesse, sans qu’aucune lumière artificielle ne vienne dominer la scène.

Dom Salmon assets for Nikon magazine, Photo Finish: Low Light

Votre défi ? L’objectif est de réaliser un portrait visuellement riche, avec de la profondeur, sans utiliser de source lumineuse intense ni d’accessoires comme un réflecteur.

Passionné : lumières nocturnes

Sortir après la tombée de la nuit a un autre avantage : les sources lumineuses nocturnes ont rarement une température de couleur « blanche ».

Les néons, l’éclairage public au sodium ou encore les vitrines de magasins ne sont pas des lumières « blanches » et produisent des effets de couleur variés et intéressants à exploiter. Mieux encore, dans un même lieu, plusieurs types de lumière peuvent coexister, ce qui donne des rendus très riches visuellement.

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Sur cette image, prise à bord d’un vaporetto, un bus sur l’eau, à Venise, la combinaison des sources lumineuses a encadré le sujet principal à la perfection. La lumière très faible dans la cabine a quasiment effacé toutes les couleurs sauf l’orange et le bleu, ce qui a donné un effet à deux tons saisissant.

Prenez votre appareil photo et amusez-vous à chercher des personnes éclairées par des lumières absurdes, inattendues, contrastées ou complètement hétérogènes, cela vaut le détour. Même si votre photo vous semble un peu terne de prime abord, quelques ajustements rapides du contraste et de la saturation suffisent souvent à faire ressortir les sources lumineuses dans l’image.

Avancé : ce que l’on crée dans l’ombre

Photographier depuis un espace sombre peut vous permettre de créer un cadre dans le cadre et d’ajouter de la profondeur et du relief à votre photo. Si vous osez embrasser ces espaces négatifs, vous pouvez vous en servir pour faire ressortir vos sujets, jusqu’à les transformer en figures presque abstraites.

Sur cette image d’un écolier au Liberia, le couloir de l’école était dans l’ombre, tandis que la lumière des fenêtres de la salle de classe peinait à l’éclairer. Le résultat ? Une silhouette saisissante, une ambiance monochrome et un cadre naturel qui structure toute la photo.

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Réaliser la prise de vue depuis la partie sombre vers la zone éclairée en plaçant le sujet dans la zone de transition permet de créer d’intéressants plans d’action différenciés dans l’image. En vous affranchissant des attentes classiques du portrait (regard vers l’objectif, lumière uniforme, expression contrôlée), vous pouvez élargir considérablement votre champ créatif. Cherchez activement à exploiter les contrastes de lumière et les angles inattendus de votre environnement sombre. Utilisez l’obscurité pour créer des effets de cadre dans le cadre.

Professionnel : prioriser l’intention photographique, pas l’équipement

OK, je triche un peu avec ce défi… Mon esprit s’égare souvent vers des idées polarisées. Dans un contexte professionnel (comprendre : une mission rémunérée), je prends un ensemble d’équipements : flash, flash de secours, éclairages, accumulateurs, accumulateurs de secours, chargeurs, réflecteurs, boîtier plein format doté d’un gros capteur, boîtier plein format de secours… le grand jeu, quoi. Je photographie pour le plaisir ? Je prends mon Z6II, un objectif ultrafin, et je m’amuse.

J’ai tendance à penser qu’emporter l’artillerie lourde, comme les gros objectifs et les lumières, fait perdre en spontanéité. Je cherche à contrôler la situation et non à en tirer le meilleur parti (comme dans tous les défis précédents). Par ailleurs, les sujets non professionnels ont tendance à prendre rapidement conscience de la présence de multiples sources lumineuses autour d’eux, ce qui peut entraîner une certaine raideur dans leur posture.

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Regardez cette photo de jeunes filles dans un orphelinat au Togo. Techniquement, elle est loin d’être parfaite : aucune d’elle n’est vraiment bien éclairée, elles ne posent pas en ligne, l’arrière-plan est beaucoup plus lumineux qu’elles, la mise au point n’est pas ultra nette… Je n’ai même pas regardé dans le viseur pour la prendre (c’était vraiment un coup de chance !) Et l’exposition n’était pas la bonne non plus : j’étais en mode manuel et je n’ai pas eu le temps de l’ajuster.

Selon des critères objectifs, il ne s’agit pas d’une photo « pro ». Et pourtant ? C’est sans doute l’un de mes portraits préférés.

Si j’ai réussi à sortir quelque chose de cette photo, c’est uniquement grâce à mon tout premier appareil photo numérique : l’inestimable Nikon D800. Il a été capable de capter un niveau de détail fou, alors qu’il n’y avait presque aucune lumière. Et dire que la technologie du D800 date d’il y a 12 ans (le mien fonctionne toujours à merveille) ! Alors, imaginez ce que vous pouvez faire avec un appareil photo de la gamme Z récent…

Qu’est-ce que cela implique pour le défi « pro » ? Étonnamment, c’est le plus simple… mais aussi le plus important. Un défi que chaque photographe, quel que soit son niveau, devrait tenter.

N’emportez rien (sauf votre appareil photo et votre objectif le plus léger, bien sûr). Trouvez une ou deux personnes prêtes à jouer le jeu. Placez-vous dans un endroit où les conditions lumineuses ne devraient pas vous permettre de réussir une photo. Et voyez ce que vous êtes capable d’obtenir.

Pour résumer

Comme pour mon dernier défi Photo Finish, si vous débutez, ne vous laissez pas intimider par l’étiquette « pro » apposée sur certains défis. N’importe qui peut s’y essayer (et tout le monde devrait le faire). Vous seriez surpris de voir à quel point un débutant peut parfois tenir tête à des pros aguerris.

Passez du côté obscur

L’idée derrière tous ces défis ? Montrer que la basse lumière peut sublimer vos photos.

Gardez en tête que les performances des objectifs à monture Z modernes, la science des couleurs des fichiers NEF RAW et les calculs internes des appareils photo vous offrent un filet de sécurité incroyable. Dans 99 cas sur 100, vous obtiendrez une image exploitable. Alors, ne vous inquiétez plus autant des conditions de faible luminosité, et sortez créer des images qui ont vraiment du caractère.

Finalement, on peut remercier les Nikon Z. Je n’ai plus peur du noir, et vous non plus, l’obscurité ne devrait plus vous intimider !

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